Clarisse suit alors une classe préparatoire d’un an mise en place par l’asbl Théâtre & Publics, en partenariat avec le CCN/Théâtre de Namur. Une classe qui lui a ouvert les portes d’un monde qu’elle n’osait même pas nommer.
Une intuition ancienne, longtemps étouffée
Clarisse vient de Namur, a grandi un peu dans le Hainaut et a étudié l’illustration et la bande dessinée jusqu’au troisième bachelier. Mais rien n’y faisait : « Je n’aimais pas ce que je faisais. J’ai traîné ces études comme une évidence qu’on ne remet pas en question. Jusqu’au moment où j’ai commencé à rater. Là, je me suis dit : il y a un problème. »
Ce problème, c’était peut-être un rêve trop longtemps mis sous silence. « Quelque part, j’ai toujours su que je voulais être actrice, mais je crois que j’ai choisi la facilité, ou ce qui se présentait à moi. C’est seulement quand j’ai échoué que j’ai été forcée de me regarder en face. »
Un accueil sans jugement, une soif de savoir
Clarisse arrive dans la classe prépa avec zéro expérience théâtrale. « Avant de commencer, je n’avais jamais fait de théâtre et pourtant, je ne me suis jamais sentie en décalage. Les autres avaient déjà une culture, des bagages, mais il n’y a jamais eu de jugement. Et moi, j’ai toujours été vorace d’apprendre. »
Elle parle d’un accueil bienveillant, d’un cadre rassurant, mais aussi d’une attention toute particulière portée aux besoins des élèves, y compris au niveau administratif. « C’est bête, mais quand tu ne sais pas si tu vas pouvoir avoir un statut étudiant ou un lit à l’internat, ça peut devenir un frein énorme. Là, j’ai senti qu’on était pris en charge, épaulés. »
Quand on lui demande ce que la prépa lui a apporté, elle ne parle pas seulement de technique ou de savoir-faire : « Je dirais que ce que ça m’a donné, c’est de la légitimité. C’est plus fort que la simple confiance en soi. La confiance, c’est un peu abstrait, mais la légitimité, c’est concret : j’ai compris ce que je faisais là, sur scène. C’est ça qui m’a rendue légitime. »
Un moment de bascule : danser jusqu’à l’épuisement
Quand on lui demande un souvenir marquant, Clarisse revient immédiatement sur une formation en krump, une danse issue du hip-hop, intense et exigeante. « Au début, on n’était pas prêts à cette exigence-là. Mais moi, c’est là que je me suis sentie à ma place. On nous demandait tout, mais dans un cadre bienveillant. C’était pour moi un défi. »
Ce stage devient pour elle une révélation. « J’ai compris que j’adorais qu’on me pousse, qu’on me tire vers le haut. Que j’étais capable de plus que je ne le croyais. »
Se construire en regardant les autres jouer
Chaque semaine, grâce à cette formation, les élèves de la classe prépa vont au théâtre. Un luxe, pour beaucoup. Pour Clarisse, un cadeau inestimable. « C’est là que j’ai découvert l’étendue des possibles. Voir, encore et encore, des spectacles, ça m’a façonnée.»
Elle découvre aussi les autres formats du métier : un podcast, de la radio, une pièce montée collectivement… « Tout ça m’a préparée à affronter les concours, mais surtout, à me connaître. À savoir ce que j’avais envie de montrer de moi. »
Une confiance pour oser la suite
Aujourd’hui, Clarisse est à l’École supérieure d’acteurs du Conservatoire Royal de Liège, pour une formation en quatre ans, exigeante. Une école qu’elle décrit comme « très technique », presque à l’opposé de ce que la prépa lui a offert. « Et c’est parfait. Parce que la prépa ne cherche pas à être une école de théâtre. Elle te prépare. Elle te donne des outils, une base. Elle t’ouvre. »
Clarisse ne parle pas de rêves de gloire, mais d’un rêve plus profond :
« Moi, je rêve d’avoir de la technique. Pas que les gens se disent “elle a une présence”, mais que je puisse vraiment travailler, avoir des outils concrets pour exprimer ce que j’ai envie de dire. Le théâtre, pour moi, c’est sublimer la vie avec des choses très simples, très concrètes. Par exemple, juste savoir bien placer une épaule. Je trouve ça tellement beau. »
Ce qu’elle a surtout gagné avec la classe prépa ? « De la confiance, c’est ça, le vrai cadeau. On ne t’apprend pas quoi faire, on t’aide à savoir qui tu es. Et ça, quand tu veux faire ce métier, c’est important. »
Enfin, pour celles et ceux qui hésiteraient à se lancer, elle adresse ce conseil :
« Il faut tenter. Si on hésite, c’est qu’il y a quelque chose qui frotte en nous. Il ne faut pas chercher à deviner ce que les jurys des concours d’entrée veulent. Il faut se concentrer sur ce qu’on peut donner, sur ce qu’on sait faire. Beaucoup se perdent à vouloir plaire, et ça gâche le plaisir. Il faut se faire confiance. »
Un grand merci à Clarisse pour ce témoignage sincère et inspirant.Nous lui souhaitons de continuer à se former, à explorer, à créer et surtout, de garder cette liberté intérieure qui l’anime si fort.
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