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La parole aux projets FSE

Le décrochage scolaire et les projets Amarrages

Le mois de septembre rime avec rentrée scolaire et depuis la COVID-19, un sujet préoccupe en particulier les professionnels : le décrochage scolaire. 

Déjà important avant l’arrivée de la pandémie et son lot de confinements et déconfinements, d’enseignement hybride et de mesures sanitaires, parfois contraignantes à l’école, les chiffres pour l’année 2021-2022 sont inquiétants, car ce ne sont pas moins de 63.939 élèves qui ont été signalés au Service du droit à l’instruction après une accumulation de plus de 9 demi-journées d’absence de l’école, comme le prévoit la règlementation. La grande majorité de ces élèves étant du secondaire ordinaire.

Ces chiffres interpellent à plus d’un titre, car non seulement ils sont en très forte augmentation, 28% par rapport à l’année précédente, mais ils témoignent également que, même avec la fin de la pandémie et des règles sanitaires, le décrochage scolaire est devenu un phénomène qui prend de l’ampleur. Etant multifactoriel et relevant d’un long processus (lassitude, démotivation, découragement, perte de sens, dévalorisation), travailler sur cette problématique n’est donc pas chose aisée.

Le droit à l’instruction est pourtant un droit fondamental régit par la Constitution en Belgique, mais également par plusieurs textes internationaux, dont l’article 14 de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne

 Depuis longtemps déjà l’Europe met les jeunes au cœur de ses ambitions et s’était d’ailleurs fixé comme objectif, dans le cadre de la stratégie EU-2020, d’atteindre un taux inférieur à 10% de jeunes âgés de 18 à 24 ans qui ne suivent ni études dans l’enseignement régulier, ni formation hors du système d’enseignement régulier, et dont le niveau d’études ne dépasse pas l’enseignement secondaire inférieur. La Belgique s’était quant à elle donné un objectif un peu plus ambitieux de 9,5 % à l’horizon 2020. Selon l’IWEPS, avec, en 2021, un taux de 8,3 % de jeunes ayant quitté prématurément l’enseignement, la Wallonie se situe à un niveau proche de celui de la Région de Bruxelles-Capitale (9,1 %).

Le décrochage scolaire est donc un phénomène dont il faut s’inquiéter, car il est souvent un point de départ vers l’abandon précoce par les jeunes des études ou des formations.

  Conscient de ces enjeux, le FSE cofinance depuis de nombreuses années des projets ayant pour objectif d’aider les jeunes en perte de repères à reprendre le chemin de l’école ou des formations. 

Les projets Amarrages, cofinancés par la programmation 14-20 du FSE, en Wallonie et à Bruxelles en sont un bon exemple. Ces projets visant à assurer un accompagnement et un suivi des jeunes de 15 à 24 ans en situation d’absentéisme, de décrochage ou d’abandon scolaire, permettent d’apporter une aide aux acteurs concernés en travaillant en partenariat. Certains sont axés sur l’intervention de 1ère ligne au sein des établissements scolaires, d’autres sur des dispositifs d’accompagnement et de relais plus externes à l’école et enfin, certains sont centrés sur des mesures de compensation prenant en charge des jeunes sortis du système scolaire.


­Laissons la parole à Julie Morel du CCGPE-DGEO pour nous présenter ces projets.

AFSE : Les chiffres du décrochage scolaire pour l’année 2021-2022 sont interpellants, mais quelle était la situation avant la crise COVID ?

J.M. : Le décrochage scolaire était déjà bien présent avant la crise du Covid mais l’année scolaire passée démontre une très forte augmentation des situations d’absentéisme scolaire. La période de crise a en effet exacerbé certaines situations de décrochage scolaire et on a pu voir apparaitre de nouveaux profils de décrocheurs. On se retrouve face à une forte augmentation des difficultés d’ordre psychologique (crises angoisse, phobies, repli sur soi, …), des difficultés relationnelles, une perte de sens, une grande démotivation et une difficulté à se projeter dans l’avenir. A côté de cela, les situations de précarité sont en forte augmentation, surtout dans les grandes villes et l’impact sur les familles et les jeunes est flagrant. De nombreux jeunes mettent en péril leur parcours scolaire ou arrêtent l’école pour des raisons matérielles et financières.

AFSE : en 2 mots, pouvez-vous nous expliquer ce que sont les projets Amarrages ? 

J.M. : L’objectif du projet Amarrages est d’agir rapidement sur le décrochage scolaire en mobilisant l’école, les équipes éducatives, les CPMS, les AMO (Accueil en Milieu Ouvert, services non mandatés de l’Aide à la Jeunesse) et les SAS (services d’accrochage scolaire). Les jeunes se voient proposer un accompagnement spécifique lié à la problématique rencontrée, et cela de manière concertée et cohérente. Le projet vise à garantir les conditions de leur apprentissage ou leur réinsertion dans l’éducation, la formation (y compris les stages) ou l’emploi.

AFSE : pouvez-vous nous expliquer de quels constats sont partis les projets Amarrages ?

J.M. : Les causes du décrochage sont multiples et variées et les « décrocheurs » ne forment pas un groupe homogène répondant d’une même manière à une « solution » donnée. Les parcours des jeunes en décrochage sont souvent jalonnés d’une accumulation de facteurs, d’où l’importance d’agir au plus vite et de manière individualisée.
De nombreux acteurs sont concernés par les différentes problématiques rencontrées qui peuvent être autant pédagogiques, que familiales, relationnelles, économiques, psycho-sociales, … Pour faire face à cette complexité il nous a semblé essentiel de travailler en réseau et d’installer des collaborations intersectorielles (principalement entre l’Enseignement et l’Aide à la Jeunesse, mais pas uniquement). 
Les recherches ont démontré que la difficulté de réinsertion dans le système scolaire est d’autant plus grande que la période de décrochage est longue. D’où l’importance de l’identification précoce des situations à risques car il est plus aisé de maintenir un élève à l’école que de l’y ramener.

AFSE : Quel est votre rôle dans les projets Amarrages ?

J.M. : Je suis responsable du projet Amarrages au Centre de Coordination et de Gestion des Projets Européens au sein de la Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire. A ce titre, je dépose les demandes de subsides auprès du FSE et m’occupe de la gestion et de la répartition des fonds auprès de nos bénéficiaires. Je suis également en charge de l’accompagnement des projets afin de leur apporter aide et soutien dans la mise en œuvre de leur projet. Cet accompagnement vise aussi la mise en réseau et le partage d’expérience entre les différents bénéficiaires du projet. Tout cela avec les supers équipes du CCGPE DGEO ! 

AFSE : Quelle a été la plus-value du FSE pour les projets Amarrages ?

J.M. : Grâce à Amarrages et aux subventions du FSE, les différents acteurs sont renforcés dans leurs actions de lutte contre le décrochage et ont pu mettre en place des dispositifs de collaboration organisés et efficaces pour répondre aux différentes situations. Cela permet de prendre en compte de nombreuses facettes du décrochage et de croiser les regards sur les problématiques. De nombreux jeunes (5.200 en 2019) ont pu bénéficier d’un accompagnement personnalisé qui pour 63% d’entre eux leur a permis de poursuivre leur scolarité, de se réorienter positivement, d’accéder à une formation ou un emploi.­


 

 Référente en accrochage scolaire à l'athénée royale de Jambes, Lola aide chaque année des dizaines de jeunes en difficulté. Alors, n'attendez plus et partez à sa rencontre ! 

 Découvrez son témoignage inspirant sur le site En Mieux.