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La Validation des compétences, un levier institutionnel au service de l’emploi

Nous avons rencontré Monsieur Carlier, Directeur du Consortium de Validation des Compétences, pour échanger sur ce dispositif qui permet à des milliers de travailleurs de faire reconnaître officiellement leur savoir-faire. Découvrez son éclairage dans notre interview.

Dans un contexte où le marché du travail évolue rapidement et où de nombreux secteurs peinent à recruter, la Validation des compétences s’affirme comme un dispositif important pour reconnaître officiellement les savoir-faire professionnels acquis en dehors des circuits de formation classiques. Mais comment fonctionne cette reconnaissance et quel est son rôle dans l'écosystème de la certification professionnelle ? 

 Un dispositif ancré dans un partenariat institutionnel

La Validation des compétences repose sur un modèle unique en Belgique francophone : un consortium de cinq institutions publiques (le Forem, Bruxelles Formation, l’IFAPME, l’enseignement de promotion sociale et le SFPME) qui collaborent sous la supervision des gouvernements de la Région wallonne, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la COCOF.

Ce dispositif va bien au-delà de ces institutions : « C’est un véritable travail partenarial entre l’enseignement, la formation, l’insertion, les employeurs et les syndicats. Chaque acteur a un rôle précis et c’est cette collaboration qui garantit la fiabilité et la reconnaissance de nos certifications », nous explique Monsieur Carlier.

Les épreuves de validation ne sont pas organisées par le consortium lui-même mais par des centres agréés. « Ces centres sont des structures existantes – écoles, centres de formation, entreprises – que nous auditons régulièrement pour garantir la qualité du processus. Nous nous appuyons sur leur expertise et leurs équipements pour faire passer les évaluations. »

La commission consultative d’agrément, composée de représentants des employeurs et des travailleurs, veille à ce que chaque validation réponde aux réalités du marché du travail. Tous les cinq ans, une réflexion globale est menée avec les partenaires sociaux et les gouvernements pour adapter le dispositif aux besoins socio-économiques.

  Un outil de réponse aux tensions sur le marché du travail

Face aux pénuries de main-d'œuvre, la Validation des compétences représente une solution concrète. « Notre rôle n’est pas de combler toutes les pénuries, mais nous pouvons aider à qualifier des personnes qui possèdent déjà des compétences mais n’ont pas de reconnaissance officielle », précise Monsieur Carlier. Ainsi, les employeurs peuvent élargir leur vivier de recrutement en intégrant des travailleurs non diplômés mais compétents. Dans certains secteurs comme la logistique, le bâtiment ou l’aide aux personnes, la Validation des compétences permet de certifier des savoir-faire recherchés.

« Prenons l’exemple des hôpitaux : ils nous ont sollicités pour développer une certification d’assistant logistique en milieu hospitalier, afin de répondre à un besoin de structuration et de reconnaissance de ces compétences », illustre-t-il. 

De plus, le titre de compétence peut aussi jouer un rôle dans la progression professionnelle, notamment dans la fonction publique, où il peut donner accès à des valorisations salariales ou à des promotions internes.

  Un dispositif en évolution constante

Aujourd’hui, plus de 80 métiers peuvent être validés via ce dispositif et l’offre continue de s’élargir. Un des axes de développement majeurs est l’intégration de certifications pour des métiers plus qualifiés, notamment dans le numérique et l’IT. « Nous avons récemment introduit des validations pour des professions comme administrateur réseau ou formateur digital. Cela permet à des experts autodidactes ou expérimentés de prouver leurs compétences et d’améliorer leur employabilité. »

Par ailleurs, le dispositif se déploie progressivement dans les entreprises elles-mêmes. « Nous avons trois collègues qui accompagnent les entreprises volontaires afin d’intégrer la Validation des compétences dans leur gestion des ressources humaines. Cela peut se faire directement sur le lieu de travail, en partenariat avec les employeurs et les travailleurs. »

Enfin, un effort important est consacré à la simplification du paysage des certifications. « Nous travaillons sur une harmonisation des différentes certifications professionnelles pour améliorer leur lisibilité auprès du public et des employeurs. »

  Un financement pérenne pour garantir l’avenir

Un enjeu crucial reste la stabilité financière du dispositif. « La Validation des compétences est soutenue en partie par l’Europe, et ce depuis de nombreuses années, ce qui nous permet de développer de nouveaux référentiels et de renforcer la communication autour du dispositif. Nous devons aussi sécuriser des financements publics stables pour assurer son développement à long terme. »

En vingt ans, la Validation des compétences s’est imposée comme un outil clé de reconnaissance professionnelle, permettant à des milliers de personnes de valoriser leurs acquis. Grâce au soutien de l’Union européenne, qui encourage la mobilité et le développement des compétences, ce dispositif continue d’évoluer pour répondre aux besoins du marché du travail. Avec les transformations en cours, il entend bien jouer un rôle encore plus central dans l’avenir de l’emploi, en offrant à chacun·e la possibilité de faire reconnaître officiellement ses compétences et de saisir de nouvelles opportunités professionnelles.

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