Dans un secteur en pleine expansion, comme celui du secteur biopharmaceutique et de la chimie, les centres de compétences jouent un rôle crucial en matière de formation et de reconversion professionnelle. Ces structures ont pour mission de répondre aux besoins en main-d'œuvre qualifiée des industries, tout en offrant des parcours de formation adaptés aux demandeurs d'emploi, aux travailleurs en reconversion et aux entreprises. Ils se positionnent comme des piliers de l’innovation dans la formation professionnelle.
Nous sommes partis à la rencontre d’Isabelle Legentil, directrice du centre de compétence Aptaskil, un exemple parfait d’un modèle cofinancé à la fois par des fonds publics et privés. Il se distingue par son rôle central dans la formation des métiers en pénurie, spécifiquement dans la production biopharmaceutique et chimique, deux secteurs où les exigences sont de plus en plus complexes et techniques.
Une mission au cœur de l’économie
Madame Legentil nous explique que la mission principale d’un centre de compétence est de former en fonction des besoins immédiats du secteur tout en anticipant les besoins futurs. "Il s'agit de former des personnes aux métiers en pénurie, mais aussi de sensibiliser et promouvoir ces carrières auprès des jeunes, dès le primaire jusqu'à l'âge adulte", précise-t-elle. Ainsi, le centre de compétence travaille non seulement sur des formations de courte durée, mais aussi sur des actions à plus long terme visant à attirer des talents dans ces métiers spécialisés.
Une formation adaptée aux métiers spécifiques
La formation proposée par le centre Aptaskil répond à des besoins très spécifiques du secteur. Les programmes sont donc conçus pour être pratiques et orientés vers les compétences techniques directement applicables en entreprise.
Le lien étroit entre ce centre de compétence et les entreprises du secteur est essentiel. La directrice met ainsi en avant l'importance des comités de pilotage industriels, composés de représentants des entreprises, qui garantissent la pertinence des formations en lien avec les besoins réels du marché. « Les formations, axées sur la pratique, intègrent des équipements de pointe qui sont des répliques à l’identique de ceux de l’industrie afin de reproduire fidèlement les conditions réelles de travail, garantissant ainsi une adéquation parfaite avec les attentes du terrain. »
Ce modèle hybride présente des avantages concrets pour les deux parties : les demandeurs d'emploi bénéficient de formations de qualité, tandis que les entreprises s’assurent de recruter des travailleurs déjà formés aux exigences de leurs lignes de production.
Partenariats stratégiques pour innover et former efficacement
Aptaskil adopte une dynamique partenariale fondée sur le principe de « mutualiser les expertises pour faire mieux et plus » comme le précise sa directrice. Cette approche se concrétise notamment dans le cadre d’un projet accessible aux personnes en recherche d’emploi et cofinancé par le FSE+ : Go 4 biotech. Au travers de ce projet, les centres de formation Aptaskil CDC, ULB HeLSci et le centre Biotech du Forem unissent leurs forces pour offrir un programme innovant en culture de cellules. Structuré en trois cycles successifs, ce parcours propose une approche progressive et modulaire.
Les deux premiers cycles sont dispensés dans les trois centres sur la base d'un référentiel commun, garantissant une formation de base harmonisée et solide. Le troisième cycle permet aux participant·es de se spécialiser grâce à des modules thématiques indépendants, chacun organisé par le centre disposant de l'expertise la plus pointue dans le domaine concerné.
Ce modèle allie collaboration et spécialisation pour répondre aux besoins croissants du secteur biotech.
Ces collaborations stratégiques illustrent l’engagement d’Aptaskil à conjuguer compétences académiques, institutionnelles et industrielles pour répondre aux besoins du marché de l’emploi et anticiper les évolutions du secteur.
Un impact mesurable sur l’emploi
En accueillant 3000 à 4000 apprenants par an, Aptaskil touche un public varié : demandeurs d’emploi, étudiants et travailleurs en reconversion ou en activité. L’approche pédagogique s’adapte aux profils : les sessions incluent des formations de base, sous-traitées à des institutions éducatives (Hautes écoles), tandis que les formations spécialisées sont assurées par des experts issus du secteur industriel.
Par ailleurs, le secteur du biopharmaceutique, dans lequel Aptaskil opère, se distingue par son caractère égalitaire, accueillant autant d’hommes que de femmes. Cette parité contribue à enrichir les formations et à promouvoir la diversité au sein des équipes professionnelles.
L’un des grands succès de ce centre est son taux d’insertion professionnelle, qui varie entre 75% et 100%, en fonction des périodes et des métiers. Ce taux élevé est un indicateur fort de la qualité de la formation dispensée. L’impact se mesure également à la satisfaction des entreprises partenaires, qui reconnaissent la qualité des formations comme un gage de succès dans un secteur en constante évolution.
Un financement mixte pour une formation de qualité
Un autre élément qui distingue ce centre est son financement, qui combine à la fois des fonds publics et privés. Le soutien financier de l'Union Européenne quant à lui permet de renforcer les capacités d'accueil et d'innovation dans la formation, avec des projets d'envergure comme la création de formations digitales et hybrides, adaptées aux défis du secteur.
Cette combinaison de financements publics et privés permet non seulement de rendre ces formations accessibles à un large public, mais aussi de faire face à l'évolution rapide du secteur. La formation hybride, alliant enseignement en présentiel et à distance, est l'une des innovations majeures du centre, permettant de toucher un plus grand nombre de candidat·es et d’adapter les formations aux nouvelles technologies et pratiques industrielles.
L'avenir du centre de compétence : entre expansion et innovation
Aptaskil ne se repose pas sur ses acquis et continue de se développer. La directrice évoque l’ouverture au mois de septembre dernier d’un nouveau site à Liège, spécifiquement dédié au secteur biopharmaceutique, qui permettra d’augmenter la capacité d’accueil et d'offrir des formations toujours plus spécialisées.
Les métiers du secteur biopharmaceutique imposent des standards élevés, tant sur le plan technique que des soft skills (rigueur, confiance, adaptabilité). Pour relever les défis de demain, le centre investit donc dans l’innovation pédagogique, en développant des modules hybrides et digitalisés, grâce au soutien essentiel de partenaires financiers comme l’Europe.
Le centre Aptaskil, à travers sa gouvernance partagée et ses formations pointues, joue un rôle clé dans l’écosystème économique de la région. Il forme non seulement des demandeurs d’emploi, mais contribue également à la reconversion professionnelle et à l’adaptation des travailleurs déjà en poste aux évolutions technologiques et industrielles. Un acteur incontournable pour combler la pénurie de main-d’œuvre dans un secteur vital et en pleine croissance.
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